Bienvenue

Vous trouverez ici des infos sur mes activités et mes loisirs.

Bonne visite !

Découverte-Patrimoine

DEUX EXEMPLES DE VALORISATION DU PATRIMOINE : 
















Site de Vertrieu (38) : 
Milieu de matinée, arrivée dans ce petit village du Nord Isère sous une pluie fine qui ne nous quittera plus de la journée. Vertrieu se trouve dans l’ “Isle Crémieu”, la zone est coincée dans un “coude” du Rhône, très humide. L’Isle Crémieu fait partie du Dauphiné, territoire qui, à partir du XIVème siècle fut la propriété du fils aîné du Roi de France, héritier du trône, le “Dauphin”. L’animal est d’ailleurs figuré sur le drapeau flottant à la tour de la forteresse.
Le site patrimonial qui nous intéresse est la maison forte qui surplombe le village. Cette construction n’a pas le droit à l’appellation de “château” car elle n’était pas un lieu de résidence permanente.    




Cette maison forte n’est pas la seule que l’on trouve dans l’Isle Crémieu : de nombreuses autres sont toujours elles aussi encore visibles. Elle sont les témoins de la situation de “limite” de la région à l’époque médiévale. La Savoie toute proche ne faisait pas partie du territoire français avant avril 1860. L’Isle Crémieu était donc une zone de friction et c’est pourquoi on a construit tant de maisons fortes et châteaux, à vocation défensive. On peut citer entre autres la maison forte de Monplaisant ou le château de Chapeau-Cornu. Crémieu, Saint Chef et Morestel sont aussi des cités médiévales ayant gardé de nombreux témoignages de l’époque.




La première mention de cette maison forte de Vertrieu date du XIIIème siècle : la première construction daterait de 1282. Habitée pendant trois siècles et demi, elle est abandonnée vers 1650, bien que toujours propriété d’une famille. Les premiers travaux de rénovation ont lieu en 1840. La maison est de nouveau occupée jusqu’à la seconde guerre mondiale puis se vide de nouveau. En 1968, les habitants du village font échouer une tentative de vol de la cheminée (monumentale !) et cet événement marque le début du processus de sauvegarde du site. Cependant, la DRAC refuse de subventionner le reconstruction des toits. La maison forte n’est 
classée que comme “site pittoresque” en 1974... 
















plus haut :  la partie rénovée en appartement avec
le pont-levis et sa tour d’angle typique, preuve de son caractère authentique...






ci-dessus : vue extérieure de la partie inscrite.

C’est alors qu’en 1984, une étudiante consacre son mémoire de maîtrise d’histoire à cette maison forte, et en montre le caractère authentique
 (du fait de son abandon, elle n’a pas été modifiée), ce qui n’est pas la cas de toutes celles de la région. Ce travail entraîne l’acceptation de la DRAC de classer la tour de garde au rang de monument historique (preuve que la recherche fondamentale n’est pas sans intérêt et peut avoir un impact concret !). Le reste du site est inscrit.  Cette maison forte doit aussi sa remise en état à la volonté hors du commun de certains professionnels amoureux du patrimoine. En effet, une partie du toit a été restaurée dans son matériau d’origine (la lauze, une pierre calcaire locale) par l’intervention de l’architecte en chef du patrimoine, qui a organisé la récupération des lauzes intactes du toit des halles de Crémieu pour les poser sur une partie du toit de la maison forte...
Son propriétaire actuel, Mr. de Laroullière, possède également le château de Vertrieu. Il a rénové la maison forte en grande partie sur ses propres deniers. Le gros des travaux a été réalisé en 2006. Les subventions publiques, venant à part égale de l’État et du Conseil Général de l’Isère ne représentent que 50% du coût des travaux effectués sur la ruine elle-même. Le propriétaire a financé l’autre moitié, ainsi que la totalité des travaux de voirie et d’ensevelissement des réseaux (électricité, eau, gaz).
Un projet de musée sur le thème de la batellerie a été discuté puis abandonné après une étude de faisabilité peut favorable : Vertrieu est un village isolé et le nombre de visiteurs aurait été trop limité. La maison forte est devenue un lieu d’habitation privé : elle a donc retrouvé sa vocation première ! De plus, l’ouverture au public n’aurait pas été rentable, et permettre à des particuliers d’y habiter est une autre manière de valoriser ce patrimoine. C’est également l’assurance de protéger efficacement le bâtiment contre d’éventuels actes de malveillance. On peut signaler enfin que les locataires occupant les appartements ne sont pas des étrangers aux “vieilles pierres” mais un couple de professionnels du patrimoine, un architecte paysagiste et une conservatrice... qui semblent avoir trouvé ici leur paradis.


































à gauche : vue de l’intérieur de la Tour : aujourd’hui,
c’est une cour.
                                                                                                                    à droite : la forme des ouvertures rappelle vaguement les “meurtrières”...

La visite se clôtura par une bonne surprise : le groupe entra dans le corps de logis. L’atmosphère est feutrée, la lumière tamisée. Les fenêtres à meneaux, la cheminée en pierre monumentale (il paraît à première vue possible d’y rôtir du gros gibier comme un cerf ou un sanglier !) , l’alcôve dans le mur à l’entrée ou encore le plafond en bois sont autant d’éléments d’origine qui ont été remis en état. Une partie des poutres du plafond est du XVème siècle, les motifs ainsi que les couleurs sont la fidèle reproduction de l’original, qui fut  mis au jour lors des travaux... Toutes ses richesses préservées expliquent que la bâtisse ait reçu deux récompenses, notamment le Premier Prix de Vieilles Maisons Françaises.
























à gauche : le plafond de bois rénové tel qu’on peut le voir actuellement. 








à droite :
une alcôve dans un mur.








Le site de Saint Germain-les-Paroisses (01) : 
Le propriétaire qui nous accueille, M. Patrice Christin, est un personnage pour le moins atypique. Amoureux des vieilles pierres, cet homme paraît capable de déplacer des montagnes quand il s’agit d’arriver à ses fins, en l’occurrence ici de parvenir à sauvegarder les ruines dont il est propriétaire depuis maintenant presque une décennie. Le qualificatif de têtu parait faible au regard de l’homme, puisque pour vivre sa passion il n’hésite pas à habiter sur le site en permanence et ce dans un “confort” pour le moins spartiate : une tente marabout, protégée quelque peu par un abri de chantier, au milieu du joyeux bric-à-brac des plans du château  (les plans ont été dressés par Richard GOULOIS, architecte du patrimoine basé à Saint Chamond (Loire), des outils et des pièces détachées des grues que M. Christin monte lui-même... 
Les ruines de ce château appartenaient auparavant à la famille De Seyssel, qui n’en céda dans un premier temps à M. Christin que le seul usufruit pour une période de cinq ans. M. Christin ne deviendrait pleinement propriétaire des ruines qu’à la condition qu’il fasse la preuve de la viabilité de son projet de sauvegarde (en fonction de l’avancement des travaux). Selon ses dires, il établit une relation de confiance réciproque avec la famille de Seyssel qui lui céda définitivement le site au bout de 18 mois seulement, M. Christin ayant fait la preuve de son sérieux et de sa détermination à mener le projet à bien. 
Les travaux ne seront jamais totalement terminés, car la ruine se dégrade en permanence : il y aura donc toujours quelque chose à revoir ou à consolider. Pour le moment, ce sont les murs de la tour maîtresse qui ont été remontés. On envisage de couvrir une partie de cette magma turis pour lui redonner son aspect mais aussi pour pérenniser les travaux. Un accord a été passé avec un architecte du patrimoine de la région concernant le sous-sol archéologique : M. Christin s’est engagé à le laisser tel quel, pour ne pas risquer de faire disparaître des éléments importants. Il se contente de trier les blocs de pierre apparents, de déblayer ce qui est à la surface mais ne creuse pas.        
Il est fait mention de ce château de Beauretour pour la première fois dans un texte daté de 1137. Cependant, un autre texte datant lui de 1150 parle de “première construction” du château. Cela jette un doute sur l’exactitude chronologique mais, selon toute vraisemblance, ces éléments datent bien le château du XIIème siècle. La bâtisse tiendrait son nom de la seconde croisade, la forteresse étant devenu le lieu de repos de son propriétaire à son retour de Terre Sainte.
M. Christin vit son aventure pleinement, chaque minute, mais pas seul : il est en dialogue permanent avec des personnels de la DRAC Rhône-Alpes (Direction Régionale des Affaires Culturelles) dont il reçoit des subventions. Il a su, depuis le début dit-il, “ouvrir les bonnes portes” pour trouver l’aide nécessaire. Son projet, aussi fou qu’il puisse paraître, est selon ses propres mots, “calculé”. Il a tout de même financé les travaux en grande partie sur ses fonds propres et ce à hauteur de 300 000 € sur dix ans ! Son investissement est également humain : M. Christin réalise une grande partie des travaux lui-même. Il envisage même de n’exercer son métier d’origine plus que quatre mois par an pour avoir plus de temps à consacrer à son chantier !












la Magma Turis dans son état vue de l’extérieur.







à gauche : les douves, aujourd’hui encombrées de rochers. 

Il est difficile d’envisager une ouverture au public sur ce site, les conditions de sécurité ne pouvant pas être réunies à l’heure actuelle. Les abords de la ruine sont encore encombrés de blocs de pierres rendant la circulation difficile. Cependant, à terme, il est question de valoriser le site mais à une échelle locale. Le propriétaire ne sait pas encore quelle forme prendra cette mise en valeur. 



Amateurs de vieilles bâtisses, si vous passez dans les parages, faites halte chez le sieur Christin, seigneur de Beauretour. C’est avec plaisir qu’il vous recevra sur ses terres et vous contera son aventure. Mais autant ne pas être pressé, car quand il commence, il est intarissable ! C’est sûrement toute l’énergie qu’il dégage quand il parle de son château qui le rend si sympathique... 








La Magma Turis vue de l’intérieur : on voit le travail effectué sur les fenêtres. C’est cette partie du château qu’il est question de couvrir.

MD, 21/11/2009.